vie tranchée
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textes : René Cruse
images  montage : Luca Lennartz
© 2011 Cruse Lennartz
Spire
Le  8 mai 1945 - la capitulation allemande... les femmes  allemandes refusaient de croire à la mort de Hitler, elles disaient :  « Das ist Propaganda »
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8 mai 1945.  Le 8  mai 1945 sonna donc la capitulation allemande. Nous faisions les  fanfarons devant la population, partout les femmes allemandes refusaient  de croire à la mort de Hitler, elles disaient : « Das ist Propaganda »Â  Nous avons occupé le Palatinat près de Mayence. Malgré la capitulation,  je ne me sentais pas très rassuré dans l'Allemagne vaincue. Notre  escadron circula encore beaucoup avant de se fixer quelque part dans le  Palatinat. Nous avons établi notre cantonnement à Glatten. Ma moto était  foutue. Nous avons rencontré des régiments venus d'Afrique du Nord. Je  me trouvais terriblement sale. Nous ne cessions de crier : « Hitler  kaput » Nos chars étaient pavoisés de drapeaux tricolores et nous nous  sommes arrêtés près de Spire. C'est là que commença l'occupation  française proprement dite.Les derniers jours.    Je trouvais qu'on abusait de la population vaincue et occupée,  particulièrement des femmes. D'ailleurs, il y avait peu d'hommes. Dans  toutes les maisons, on voyait des photos de militaires allemands tués  sur le front de l'Est. Avant qu’on nous « renvoie dans nos foyers », je  m'attendais à avoir d'autres citations et à monter en grade. Mais pour  cela, il aurait fallu que je choisisse de rester militaire. Je n'aimais  pas la vie des casernes et je me fis démobiliser en passant par Paris.  Mon protégé Lalande, lui, fit la bêtise de s'engager pour l'Indochine,  d'où il ne reviendrait jamais. Mes officiers me firent comprendre qu'il  était mal vu de choisir la quille. Donc, pas d'avancement ni de  nouvelles décorations. Ce n'est que le 3 août 1945 que je redevins  officiellement un civil.  Au bilan final, j'ai perdu à la  guerre 33 camarades. Nous avons eu dans notre escadron 56 blessés, dont 4  amputés, sur un effectif total de 130 hommes.
Ici s’achève cette tranche de vie  militaire. Mais d’autres combats, dorénavant plus pacifiques,  m’attendaient dans une vie nouvelle.
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